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de moi. Mais cela ne dura pas, elle regagna son lit et cacha son visage dans ses mains.

Que faire ? vous le savez, je n’ai jamais été très entendu auprès des femmes ; je cherchai à la consoler et je ne trouvai rien à dire. Nous nous tûmes quelques moments tous les deux : situation bien désagréable !

Enfin, je lui dis :

— Veux-tu que nous allions nous promener sur le rempart ? le temps est si beau ! »

Nous étions en septembre et réellement la journée était admirable et pas trop chaude. Toutes les montagnes se détachaient dans l’espace comme sur un plateau ; nous circulions en tous sens sur le rempart, sans échanger un mot. Enfin elle s’assit sur le gazon et je m’assis également. Il me vint alors à l’esprit cette idée plaisante que j’avais l’air auprès d’elle d’une véritable bonne d’enfant.

Notre forteresse était bâtie sur une hauteur, et on y avait une vue merveilleuse : d’un côté, des champs immenses, légèrement ravinés et terminés par des forêts qui s’abritaient jusque sous les crêtes des montagnes. Par-ci, par-là, la fumée de quelques villages et des trou- de chevaux ;