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chevaux par le mors et l’on se mit à descendre. À droite était le rocher, à gauche un précipice tel que tout un village tartare placé au fond, paraissait gros comme un nid d’hirondelles. Je frissonnai en songeant qu’en ce lieu où deux voitures ne peuvent se croiser, un courrier quelconque, dix fois par an, passe par une nuit sombre sans même descendre de son équipage cahotant, Un de nos conducteurs était un paysan russe de Jaroslaw et l’autre un Circassien. Ce dernier tenait les rênes du limonier avec toutes les précautions possibles, prêt à dételer plutôt que de se laisser emporter. Mais notre Russe, insouciant, n’était pas même descendu de son siège ; et lorsque je lui fis observer qu’il pourrait bien s’occuper avec plus de soin de ma valise que je ne tenais pas du tout à laisser dans ce gouffre, il me répondit :

« C’est vrai, votre seigneurie a raison ; mais Dieu veuille que nous n’arrivions pas en plus piteux état que votre valise ! Ce n’est pas, du reste, la première fois que nous passons ici ! »

Il disait la vérité ; nous aurions pu effectivement ne pas arriver, et nous arrivâmes cependant tels qu’au départ. Et si tous les hommes raison-