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II.


Et sa famille l’a transportée dans un couvent solitaire, où ses jeunes épaules furent recouvertes d’un humble cilice. Mais sous la robe monastique comme sous la soie aux mille couleurs, son cœur luttait avec la vision impie. Au pieds des autels, sous l’éclat des lumières, aux heures du chant solennel, au milieu de la prière, souvent une voix connue venait résonner à son oreille. Sous la voûte obscure du temple une image qu’elle connaissait bien glissait de temps à autre sans bruit et sans laisser de trace. Elle rayonnait doucement comme une étoile à travers la fumée transparente de l’encens, lui faisait signe de la main et l’appelait : Mais où ?…


III.


Le pieux couvent était caché entre deux collines et en lieu frais ; des platanes d’Orient, des rangées de peupliers l’entouraient de tous côtés, et parfois, quand la nuit descendait dans les défilés de la montagne, la lumière de la lampe de la jeune religieuse, passant à travers les fenêtres de sa cellule, venait se jouer au milieu d’eux. Tout autour, à l’ombre des amandiers,