Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des gémissements. Au même instant un Cosaque sauta dans la rue, brandissant un poignard, et se hâtant, nous devança à la course. L’alarme était effrayante.

Enfin nous arrivons et nous regardons : autour de la cabane, dont les portes et les volets étaient fermés en dedans, se trouvait une grande foule. Les officiers et les Cosaques discutaient entre eux avec animation. Les femmes hurlaient et ajoutaient à leurs lamentations, diverses paroles. Au milieu d’elles, un visage remarquable de vieille femme exprimant un fou désespoir, frappa ma vue. Elle était assise sur une grosse poutre, accoudée sur ses genoux, et serrait sa tête dans ses mains. C’était la mère de l’assassin. Ses lèvres s’agitaient de temps en temps et murmuraient une prière ou une imprécation.

Il fallait cependant se décider à quelque chose et saisir le coupable. Personne ne se hasardait à se lancer le premier.

Je m’approchai de la fenêtre et je regardai par la fente du volet. Il était étendu sur le plancher, pâle et tenant dans sa main droite un pistolet ; son sabre sanglant était placé à côté de lui. Ses yeux, pleins d’une expression effrayante er-