Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un malheur, on le mettra sur le compte des Circassiens. Maintenant, voici quelques soupçons que j’ai : Les témoins ont modifié probablement leur premier plan et ont désiré qu’on ne chargeât à balle que le pistolet de Groutchnitski. Cela me paraît assez semblable à un assassinat. Mais en temps de guerre, et particulièrement en Asie, les ruses sont permises ; seulement Groutchnitski m’a paru plus généreux que ses compagnons. Qu’en pensez-vous ? Devons-nous leur faire savoir que nous les avons devinés ?

— Non ! pour rien au monde, docteur. Soyez tranquille, je ne leur céderai pas.

— Que voulez-vous donc faire ?

— C’est mon secret.

— Réfléchissez-y ; ne vous laissez pas prendre à ce guet-apens… C’est à six pas !

— Docteur, je vous attends demain à quatre heures ; les chevaux seront prêts… Adieu. »

Je suis resté jusqu’au soir assis chez moi et enfermé dans ma chambre. Un domestique est venu m’inviter de la part de la princesse. Je lui ai ordonné de dire que j’étais malade.

……………………….

Il est deux heures du matin… Je ne puis