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toujours des gants frais et des bottes vernies. Quel sourire hautain ! et au fond je suis sûr que c’est un poltron, — oui, un poltron.

— Pour moi, je le crois aussi, a dit Groutchnitski ; car il a l’habitude de se tirer d’affaire avec une plaisanterie… Je lui ai dit un jour de telles choses, qu’un autre m’aurait taillé en pièces sur place ; il a pris tout cela en plaisantant. Je ne l’ai point provoqué ; car enfin c’était son affaire, et je ne voulais pas commencer.

Quelqu’un s’est écrié :

« Groutchnitski est furieux contre Petchorin, parce qu’il lui a pris le cœur de la jeune princesse.

— En voilà encore une invention ! Il est vrai que j’ai fait la cour à la princesse, mais je me suis retiré tout de suite ; mon intention n’était pas de l’épouser. Or, compromettre une jeune fille n’entre pas dans mes principes.

— Oui ! Je vous assure que le premier lâche est Petchorin et non Groutchnitski. D’abord Groutchnitski est brave et puis mon plus sincère ami, a dit de nouveau le capitaine de dragons. Messieurs, personne ici ne défend Petchorin ? Personne, tant mieux !… Voulez-