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Verner est venu chez moi.

« Est-ce vrai, m’a-t-il demandé, que vous épousez la princesse Marie Ligowska ?

— Mais, qui dit cela ?

— Toute la ville le dit ; tous mes malades se préoccupent de cette importante nouvelle, et ces malades, drôle de population, savent tout. »

C’est un tour que me joue Groutchnitski ! ai-je pensé.

« Afin de vous prouver, docteur, la fausseté de ces bruits, je vous confie en secret que demain je pars pour Kislovodsk.

— Et la jeune princesse aussi ?

— Non ! elle reste encore une semaine ici.

— Ainsi donc, vous ne l’épousez pas ?

— Docteur ! Docteur ! regardez-moi ! Est-ce que j’ai l’air d’un mari, ou de quelque chose de pareil ?

— Je ne dis point cela… mais vous savez, il y a de ces occasions… a-t-il ajouté en souriant avec finesse ; de ces occasions dans lesquelles les hommes les plus honorables sont obligés de se marier, et il est des mamans qui ne laissent pas passer ces occasions… Aussi je vous invite en ami à vous, tenir davantage sur vos