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L’ONCLE BARBE-BLEUE

croyait qu’elle avait voyager par un autre train avec mes bagages, et quand mes malles sont enfin arrivé, Dora n’était pas là pour les défaire. C’est insupportable. Je suis obligée de m’habillée presque toujours toute seule. Il ne manque pas de domestique ici, mais l’oncle à ses idées à lui et il ne veut pas qu’on nous serve de femme de chambres. Mlle Favière ne m’aide que quand je ne peux absolument pas m’en tirer. J’ai essayée de me fâcher, mais avec elle, cela ne prend pas et puis j’ai un peu honte, parce que ces demoiselles savent toutes s’habiller sans le secours de personne et qu’elles se moque de moi. Je ne vois pas pourquoi elles s’en moquent, car elles sont très mal mises, mais ici on ne voit personne, c’est assez bien pour les gens du pays. J’aimerais bien mieux être à Trouville ou à Vichy. Il me tarde que les vacances soient fini ; Il y a de belles choses chez l’oncle, mais à quoi bon quand il n’y a aucun visiteur pour les admirer ?

» Tu diras à la couturière que je lui ferai faire tout de suite en rentrant le costume de dégisement que tu n’as pas voulu comander parce qu’il coûtait trop cher, tu sais bien, le costume de marquise, je le payerai moi-même, l’Oncle m’a donné cent francs. Je tâcherait de ne pas les dépenser jusque-là.

» Papa est-il de retour ?

» Je vous embrasse tous les deux.

» Votre fille,
» Marie-Antoinette de Montvilliers. »


Quant à Valentine, sa missive très volumineuse, portait en maint endroit des taches dont l’origine était évidente. On avait dû pleurer à plusieurs reprises en l’écrivant :