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LE COURRIER DE ROCHEBRUNE

Voici leurs deux lettres :

Celle de l’aînée d’abord.

« Mon cher papa et ma chère maman,

» Nous avons fait un très bon voyage et nous ne sommes pas fatiguées du tout. J’espère que ma bonne mère n’est pas fatiguée non plus de son voyage de retour et que tout le monde va bien à la maison. Avez-vous trouvé le temps long sans nous ? C’est très amusant de voyager ; je voudrais bien que l’oncle Isidore nous invitât tous les étés. Il a un beau jardin plein de fleurs et un verger rempli de fruits. Je recommande toujours à Charlotte de ne pas trop manger d’abricots, mais elle ne m’écoute pas comme elle devrait écouter une sœur aînée. Heureusement, elle prend dix fois plus d’exercice ici qu’à Orléans, et elle n’a pas encore eu d’indigestions, quoiqu’elle mange comme quatre.

» L’Oncle est très extraordinaire avec son grand chapeau, sa grande barbe noire et ses airs rébarbatifs, mais il est très bon pour nous. Il nous a dit de bien profiter de nos vacances, et nous nous en donnons de jouer et de courir. Nous travaillons aussi avec Mlle Favières ; je suis généralement première en orthographe et en calcul, Charlotte me suit de près, et Valentine nous bat pour tout le reste. Geneviève en ferait autant si elle voulait s’en donner la peine, mais qu’elle est étourdie ! Quant à Marie-Antoinette, elle ne sait pas travailler sans sa gouvernante. Elle a de bonnes places à son cours, mais c’est parce que Miss Dora lui serine ses leçons et lui mâche ses devoirs. Si j’étais la maîtresse du cours, je donnerais les bonnes notes à Miss Dora et non pas à Marie-