Page:Lermont - Les cinq nièces de l'oncle Barbe-Bleue, 1892.pdf/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
L’ONCLE BARBE-BLEUE

— Ce n’est pas moi qui serais venue si on avait invité mes frères.

— Les garçons ne sont bons qu’à taquiner les filles, répondit Charlotte sur le même ton.

Les lycéens n’entendirent point cette attaque directe, mais Mlle Favières avait de bonnes oreilles, et elle n’en perdit pas une syllabe. Elle ne fut pas sans en tirer ses conclusions.

— Ne croyez-vous pas, Mademoiselle, dit le capitaine en consultant de nouveau sa montre, qu’il serait temps de nous occuper des bagages ?

— Voici le numéro de notre voiture, s’écria l’aîné des lycéens, la malle de Valentine est encore dessus.

— Et les nôtres sont à la consigne, dit Mme Maranday.

— J’ai déjà les billets, commença Mlle Favières, mais…

— Alors, permettez-moi de vous éviter la corvée de l’enregistrement des bagages, interrompit le capitaine.

— J’attends encore une autre petite cousine de M. Isidore Maranday, continua l’institutrice, mais elle est tellement en retard, que je me demande si elle viendra. Il vaut mieux, je crois, ne pas attendre davantage. Puisque vous avez l’obligeance de veiller sur nos bagages, Monsieur, et qu’il est nécessaire que chacun reconnaisse les siens, nous allons tous vous accompagner, puis nous reviendrons ici, quoique l’heure du rendez-vous soit passée depuis longtemps.

On s’achemina donc vers la salle des pas-perdus.

— Quelle troupe ! s’écria le petit Jacques en poussant son frère du coude. Il y avait de quoi se retourner pour nous voir défiler à la queue leu-leu devant le contrôleur !

— Elles vont être cinq, au château de l’oncle, fit remarquer Stanislas.