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L’ONCLE BARBE-BLEUE

— Et qui est-ce qui m’aidera pour mes problèmes ? reprit le troisième.

— Bah ! s’écria Valentine toute rougissante, si ce n’est que cela, vous vous passerez facilement de moi ! Daniel me remplacera auprès de toi, Lolo, et Stanislas, qui est autrement fort que moi en mathématiques, te fera comprendre tes problèmes cent fois mieux, mon petit Jacques.

— Ils ne sont pas aussi patients que toi, dirent les deux frères avec un ensemble parfait. Et nos chaussettes, qui les raccommodera ? et tes plats sucrés du dimanche…

— Taisez-vous, conscrits, interrompit l’aîné, vous allez faire pleurer Valentine. Croiriez-vous qu’elle ne voulait pas partir, Mademoiselle ? elle ne voulait pas quitter maman ; papa a dû se fâcher.

— Vraiment ? fit Mlle Favières.

— Oui. Mademoiselle, c’est comme cela. Elle sait pourtant bien que le médecin a dit qu’elle avait grandi trop vite et qu’il lui fallait l’air de la campagne. Voyez comme elle est pâle.

— Pas en ce moment, balbutia Valentine dont les joues se coloraient à la moindre émotion.

— Si vous saviez combien nous sommes contents de l’invitation de l’oncle, reprit Daniel, car on était joliment embarrassé pour obéir au docteur ! Amuse-toi bien, Titine, et ne pense pas à nous. Si elle pleure, vous la gronderez, n’est-ce pas, Mademoiselle ?

— Je n’y manquerai pas, répondit Mlle Favières en souriant ; mais vous, mon petit ami, n’irez-vous pas à la campagne ?

— Oh ! nous, nous ne sommes pas malades, et nous faisons de bonnes parties au Luxembourg, cela vaut les champs.