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L’ONCLE BARBE-BLEUE

— Est-ce possible ! murmura Valentine stupéfaite et près de croire qu’elle rêvait.

— Ton père trouvera là un atelier spacieux, ta mère, un intérieur à diriger, tes frères, un grand jardin et une vaste maison à remplir de leurs rires et de leurs jeux ; toi, toute une mission de dévouement ! Luis ne veut pas quitter sa petite sœur d’adoption. Tes frères lui donneront, par leur présence, l’émulation qui lui manquait ; ton père, qui est un grand artiste, fera des chefs-d’œuvre sans être continuellement arrêté par une misérable question d’argent ; ta mère ouvrira son cœur maternel à l’enfant sans mère, et, grâce à vous, Luis aura retrouvé une famille… Pauvre petit infirme !… Mais ! qui sait ?…

— Oh ! fit Valentine tout bas, il guérira, n’est-ce pas ?… Il marchera…

— Il est si jeune, et il a une si bonne constitution, que, maintenant qu’il veut bien se laisser soigner, nous pouvons tout espérer…

— C’est trop de bonheur !…

— Geneviève viendra nous voir souvent, poursuivit M. Maranday, c’est une excellente nature ; ses travers sont plus apparents que réels, et si je ne t’avais pas comprise enfin, j’aurais pu la choisir à ta place. Il est vrai que son papa me l’aurait difficilement cédée. Charlotte et Élisabeth seront invitées pendant les vacances ; leurs défauts s’atténueront avec l’âge… Quant à Marie-Antoinette, je doute que nous la revoyions jamais ; elle est trop foncièrement égoïste et frivole pour que nous ayons grand plaisir à la retrouver… On n’oubliera pas Mlle Favières. Quand elle aura terminé ton éducation, nous lui assurerons une heureuse vieillesse. Pour toi, qui as