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LA CONQUÊTE DE LUIS

« Chut ! » répondit Valentine, qui savait aussi bien que lui ce que signifiait ce là-bas.

Et Marie-Antoinette s’empressa d’ajouter :

— Valentine aime bien garder son argent. Quand nous avons voulu acheter des affaires aux petits pauvres, elle n’a presque rien dépensé, Moi, j’ai employé la moitié de ce que maman m’avait donné au départ.

— Nous ne l’ignorons pas, depuis le temps que tu nous le dis, s’écria Charlotte impatientée.

Mlle Favières sentit la nécessité d’intervenir :

— Qui est-ce qui a le plus fait pour les pauvres ? Valentine, qui a terminé tout ce qu’elle avait entrepris, ou les jeunes filles qui n’ont à nous montrer que des choses commencées ou gaspillées ?

Ce fut au tour de ces demoiselles de baisser la tête.

— C’est si ennuyeux de coudre, murmura Geneviève, j’aimerais bien mieux être un garçon, au moins, je ne serais jamais obligée de tenir une aiguille !

— Tu te trompes. Les marins et les voyageurs y sont bien obligés, dit M. Maranday, et pour mon compte, cela m’est arrivé plus d’une fois.

— Vous avez cousu quelque chose, vous, mon oncle !… s’écrièrent les fillettes, tant leur paraissait drôle l’idée de voir le grave M. Maranday muni d’un dé et d’une aiguille.

— J’aurais souvent été bien embarrassé, si je n’avais pas su le faire. Je n’avais pas de valet de chambre avec moi dans les savanes du Brésil où j’ai tant voyagé avant de m’établir au Mexique. »

Et l’Oncle leur conta quelques amusantes anecdotes d’occasions nombreuses où il avait dû, non seulement exercer ses