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LA CONQUÊTE DE LUIS

Valentine souriait doucement. Peu lui importait que d’autres s’attribuassent la victoire, pourvu que son cher petit cousin fût moins malheureux. Et on le voyait renaître à vue d’œil, le gentil Luis, et le médecin disait qu’il n’était peut-être pas incurable, mais qu’il serait certainement devenu fou s’il avait continué longtemps cette vie de séquestré exaspéré. Fou ! son pauvre Luis qu’elle aimait presque autant que ses frères ! Valentine en pleurait rien que d’y penser.

Luis trônait comme un petit roi au milieu de ces demoiselles. Il n’avait plus le temps de s’ennuyer. On inventait des charades exprès pour lui ; on jouait à tous les jeux assis que connaissent les petites filles, et les langues marchaient, et les rires s’égrenaient : les échos de Rochebrune en étaient tout étonnés.

Cette comédie dont on avait tant parlé devint une source inépuisable d’amusement. L’Oncle Barbe-Bleue, dont personne n’avait plus peur désormais, s’était déclaré prêt à contresigner toutes les volontés de Valentine. Celle-ci s’était décidée en faveur de Jeanne d’Arc. Elle en avait écrit le scénario avec son cousin et Geneviève. Que de folies ne leur avait pas dit cette dernière en cette occasion ! Que d’anachronismes elle