Page:Lermont - Les cinq nièces de l'oncle Barbe-Bleue, 1892.pdf/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
L’ONCLE BARBE-BLEUE

tête de ces demoiselles ! ce sera à se tordre. Eh bien, vous ne dites rien, Luis ? mais parle-lui donc, Valentine.

— Mon cousin, je vous en prie… Cela me ferait tant de plaisir, et à mon oncle aussi, dit Valentine de sa douce voix.

— S’il ne veut pas, déclara Geneviève, je cours chercher ces demoiselles, et nous faisons irruption par le chemin que j’ai pris tout à l’heure… une véritable invasion de barbares ! Rendez-vous sur l’heure, mon cousin, nous sommes plus nombreuses que vous, il n’y a pas de déshonneur à vous avouer vaincu.

— À quoi bon me laisser tenter ? murmura Luis à l’oreille de Valentine, je ne puis plus jamais être heureux.

— Mais vous pouvez rendre tout le monde heureux autour de vous, répondit Valentine sur le même ton, votre père, nous, Chiquita et bien d’autres.

Il resta un instant pensif :

— Vous m’apprendrez, Cousine, lui dit-il bien bas.

Geneviève s’impatienta :

— Ah ça, qu’est-ce que vous avez à chanter tous deux, dans votre petit coin ? À moi, mon oncle ! nous allons rouler de gré ou de force cette chaise longue au salon, et Luis tiendra cour plénière toute la journée pour recevoir ces demoiselles… Mais, j’y pense, le courrier est-il passé ? si nous n’y prenons garde, elles se seront envolées vers Paris.

Mlle Favières aura mis bon ordre à leurs projets, répondit M. Maranday. Puis, tout ému, réunissant dans une même étreinte son fils et Valentine, il murmura : « que Dieu vous bénisse, ma chérie, pour le bien que vous avez déjà fait à mon cher petit Luis… »

— J’ai trouvé une petite sœur d’adoption, dit Luis, les deux bras autour du cou de son père.