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DÉCOUVERTES

Ce fut au tour de Luis de lui demander pourquoi elle soupirait.

— C’est que les tableaux, cela ne se vend pas comme on veut, avoua la fillette. Nous sommes très fières de papa, maman et moi, ajouta-t-elle en vraie petite femme.

— Je les lui achèterai, moi, ses tableaux, s’écria Luis, papa ne me refuse rien.

Le petit singe ayant sauté sur les genoux de son maître, celui-ci le repoussa d’un geste brusque. Mais Valentine le rappela :

— Ne le renvoyez pas, mon cousin, s’écria-t-elle, j’aimerais à le voir de près, ce joli animal. Comment l’appelez-vous ?

Benito. Vous aimez les singes ? Je croyais que tout le monde ici les détestait. Viens, Benito. Que de fois il m’a distrait par ses tours. Il est si drôle.

— Geneviève en serait folle, dit Valentine en le couvrant de caresses.

(Elle allait dire Lolo au lieu de Geneviève, mais son bon sens lui souffla de ne plus parler de jeunes garçons actifs à ce pauvre petit infirme.)

— Laquelle est-ce, Geneviève ? demanda Luis.

— La petite rouge aux cheveux noirs.

— Celle qui a une robe rouge la plupart du temps, voulez-vous dire ? Je sais bien qui elle est, maintenant. Je ne vous connais pas par vos noms, mais je vous ai bien souvent regardées quand vous jouiez au jardin, allez !

— Il fallait venir jouer avec nous, dit Valentine imprudemment.

— Est-ce que je puis jouer, moi ? riposta rudement Luis.