pour aller nous promener. Le courrier correspond avec le chemin de fer. Nous serons en express avant qu’on se soit aperçu de notre disparition.
— Mais… voudra-t-il nous prendre, le courrier ? demanda Geneviève hésitante.
— Et avons nous assez d’argent pour notre voyage ? ajouta Élisabeth. Pour moi, je n’ai pas même touché aux cent francs de l’oncle.
— Les miens sont un peu écornés, avoua sa sœur.
— Nous n’aurons qu’à prendre les secondes, dit Marie-Antoinette, tant était grande sa hâte de fuir Rochebrune.
— Et Valentine ? demanda Geneviève.
— Ah ! ma foi tant pis, elle n’avait qu’à ne pas se mettre dans le pétrin, s’écria Charlotte.
— Chacun pour soi, dit Élisabeth, non moins égoïstement.
— Qu’avait-elle besoin de se mêler de ce qui ne la regardait pas ? ajouta Marie-Antoinette. Admettons qu’il y ait un prisonnier dans l’aile sud, après tout, qu’est-ce que cela lui faisait ?
— Ce n’était pas son affaire, évidemment, accentua Élisabeth.
— S’il y a du danger à rester ici, je ne vois pas pourquoi nous nous y exposerions pour elle, reprit Charlotte.
— Vous n’êtes que des sans-cœur, Mesdemoiselles, s’écria Geneviève indignée. Valentine n’est pas plus coupable que moi et… (une intonation méprisante) Charlotte !… Seulement, elle n’est pas menteuse, elle, elle n’est pas hypocrite ! Elle a eu tort d’écrire une lettre en cachette, mais elle l’a fait par charité, et vous toutes, qui ne pensez qu’à vous, vous êtes dix fois plus à blâmer qu’elle.