Page:Lermont - Les cinq nièces de l'oncle Barbe-Bleue, 1892.pdf/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
L’ONCLE

temps. Il a une fille unique d’une douzaine d’années, qu’il adore. L’éducation de l’enfant s’en ressent quelque peu… Il est assez curieux que toutes ces fillettes soient à peu près du même âge, car vos nièces d’Orléans ont aussi l’une treize et l’autre quatorze ans. Je dis vos nièces, M. Maranday, c’est une manière de parler, car ce ne sont que des cousins issus de germain, mais enfin, vous êtes leur oncle à la mode de Bretagne.

— Certainement.

— Nous ne parlons que pour mémoire des cousins au troisième et quatrième degré que vous pouvez avoir encore, la famille Leblanc de Besançon, la famille Lemarchat de Reims…

— De grâce, épargnez-moi, mon cher Monsieur, interrompit M. Maranday.

— Il est de fait que pour un oncle ignorant, il y a quelques instants, le nombre de ses neveux et nièces, vous vous trouvez à la tête d’une jolie petite collection de futurs héritiers ! Il n’y a pas à dire M. Maranday : si leurs pères et mères étaient décédés, votre héritage aurait à être partagé entre cinq filles et six garçons… Mais nous voilà bien, nous autres notaires, à toujours parler d’héritages ou de contrats. Vous avez une santé de fer et vous nous enterrerez tous… Voici la liste que j’ai faite de tous ces enfants, faut-il que je vous la lise ?

— Dites-moi le nom des filles, cela suffira.

— Nous avons donc 1o Mademoiselle Marie-Antoinette… de… Montvilliers, répondit le notaire très moqueur sous son air bénin ; 2o Mademoiselle Valentine Reynard, la fille du peintre ; 3o Mesdemoiselles Élisabeth et Charlotte Maranday (d’Orléans) ; et 4o enfin, Mademoiselle Geneviève Maranday, de Caen, un vrai petit diable.

— Eh bien, mon cher Monsieur, veuillez écrire en mon