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L’ONCLE BARBE-BLEUE

veux pas me disculper aux dépens des autres, mais je ne veux pas davantage les vendre.

M. Maranday fronça le sourcil.

Les aveux devenaient de plus en plus pénibles. Geneviève prit son courage à deux mains :

— Je suis bien fâchée d’avoir farfouillé au grenier sans vous en avoir demandé la permission, dit-elle.

— Qu’alliez-vous faire au grenier ? demanda M. Maranday surpris.

— Chercher de quoi nous déguiser, répondit-elle en baissant la tête.

Et revendiquant bravement sa part entière de blâme :

— C’est moi qui ai entraîné les autres, mon oncle ; elles n’y auraient jamais pensé toutes seules.

— Oh ! non, s’exclama Charlotte sans se douter qu’elle se trahissait elle-même.

— Continue, dit M. Maranday à Geneviève.

— Là-haut, nous avons été surprises par une espèce de diable.

— Un diable ? s’écria-t-on autour d’elle sur différents tons.

— Ou un nègre, ajouta Geneviève, enfin, par quelqu’un qui nous a fait une peur atroce, et, en dégringolant quatre à quatre, nous nous sommes trompées d’escalier et nous sommes arrivées dans l’aile sud.

— Qui avez-vous vu ? demanda brièvement son oncle.

— Personne.

— Bien sûr ?

— Personne autre que le singe, et le perroquet qui appelle Landa.

M. Maranday ne put s’empêcher de sourire de sa naïveté.