Page:Lermont - Les cinq nièces de l'oncle Barbe-Bleue, 1892.pdf/154

Cette page a été validée par deux contributeurs.
152
L’ONCLE BARBE-BLEUE

— Heureusement que j’ai choisi quelque chose de vite fait, déclara Geneviève,

— Et moi aussi, dit Charlotte.

— Et moi aussi, ajoutèrent les trois autres.

— C’est en effet très heureux, dit Mlle Favières, car le grand air a dû vous ouvrir l’appétit.

On procéda au déballage des provisions. Déjà, par les soins de Jean et de Mlle Favières, une grande nappe était étendue par terre, on y avait rangé les soucoupes qui tenaient lieu d’assiettes, les pains dorés, et les salières. Pour le reste, on attendait les cuisinières improvisées. Il fallait les voir affairées autour des bourriches étiquetées à leur nom !…

M. Maranday affectait une grande curiosité :

— Que va-t-il sortir de là ? disait-il en humant l’air, mon odorat ne me révèle encore rien. Et vous, Mademoiselle ?

— Absolument rien, répondit Mlle Favières sur le même ton de badinage.

Geneviève ayant la première réussi à s’y retrouver parmi les ficelles et les papiers, exhiba des œufs bien blancs, bien rangés côte à côte.

— Il n’y en a point de cassés, dit-elle avec un soupir de satisfaction.

— Qu’en veux-tu faire ? lui demanda son oncle.

— Une omelette. Je n’en ai jamais fait, mais ce doit être si facile.

— Va pour une omelette. As-tu une poêle ?

— Oui, oui, la voici :

À cette vue, Valentine, qui s’approchait, sa bourriche d’une main et une poêle de l’autre, poussa un petit oh ! désolé en montrant à son oncle des œufs identiquement rangés dans une couche de foin.