autour du cocher : « Jean, ma bourriche ! » s’écriaient toutes les petites filles. Une réflexion de M. Maranday les arrêta court :
— Avec quoi comptez-vous faire votre feu, mes enfants ?
— Avec du bois mort, répondit imperturbablement Geneviève.
— Que vous trouverez où ?…
— C’est vrai tout de même ! nous ne sommes plus dans la forêt. Comment allons-nous faire ?… Il n’y a plus de bois.
— Mais il y a quantité de bruyères sèches, dit triomphalement Geneviève.
— Va pour les bruyères.
On s’empressa d’en ramasser et de les réunir en un tas auquel on s’efforça de mettre le feu, mais c’était plus facile à dire qu’à faire ; on produisait surtout de la fumée, peu ou presque point de flamme et pas du tout de chaleur.
— C’est pourtant comme cela que cela se fait dans les livres, dit Geneviève avec un gros soupir.
— De ce train-là, nous déjeunerons bien à sept heures du soir, dit Marie-Antoinette qui, très confortablement assise sur un des coussins de la voiture, laissait les autres s’escrimer sans penser à les aider.
Il fallut que l’oncle s’en mêlât. L’habitude de bivouaquer le lui rendait aisé. Il construisit un foyer avec de grosses pierres plates et fit son feu « selon les règles de l’art » après que Mlle Favières eut déposé, tout au fond, des objets mystérieux qu’elle ne permit à personne de regarder. Bientôt la flamme s’éleva claire et brillante, grâce aux quelques sarments mis dans le coffre de la voiture par précaution.
— Place aux cuisinières, maintenant, dit M. Maranday. Si nous continuons à agir avec cette sage lenteur, nous aurons un déjeuner-dînatoire ou même un souper.