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BARBE-BLEUE

Les deux autres n’étaient pas moins excitées et ravies, sans bien s’en rendre compte, de se trouver mêlées à des événements aussi extraordinaires. Leur frayeur même leur était presque un plaisir, maintenant qu’elles étaient hors de danger.

— Nous ferons bien de ne rien raconter à Marie-Antoinette et à Élisabeth, car elles mourraient de peur, continua Geneviève.

— Sans compter qu’Élisabeth n’aurait rien de plus pressé que de rapporter à Mlle Favières, ajouta Charlotte, et nous serions tellement grondées que la seule pensée m’en fait frémir.

— Mais elles vont nous faire mille questions, dit Valentine, et je ne veux pas mentir.

— Qui te parle de mentir ! Nous ne sommes pas obligées de tout dire, n’est-ce pas ?

— Bien sûr.

— Nous passerons sous silence la seconde partie de notre expédition, et nous leur dirons seulement que nous avons vu, comme dans tous les greniers, force vieux meubles et vieilles étoffes, dont on pourra faire quelque chose le jour où l’Oncle nous le permettra. Quel malheur que cette vieille sorcière soit venue nous empêcher d’emporter nos affaires. »

On aurait dit vraiment que ces jouets étaient leur propriété, tant elles se croyaient lésées par cette perte.

Cependant, l’une des questions qui les intriguaient tant se trouva résolue le soir même, et d’une manière toute naturelle.

Ayant interrogé adroitement Mlle Favières pour savoir si leur oncle avait parmi son personnel un domestique noir, elles reçurent cette réponse :

« Je crois que M. Maranday a, pour son service particulier, une négresse qu’il a ramenée du Brésil, et qui lui est très dévouée. »