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L’ONCLE BARBE-BLEUE

Charlotte. Mais tout ça ne nous dit pas qui nous a fait peur là-haut.

Comme les trois petites filles n’étaient pas assez enfants pour croire de sang-froid à la possibilité d’avoir rencontré au grenier un diable ou un revenant, après avoir épuisé toutes les conjectures imaginables, elles finirent par conclure que l’être qui les avait surprises ne pouvait être qu’un nègre ou une négresse.

— Comment avons-nous fait pour n’y pas songer plus tôt ? s’écria Valentine à demi rassurée par cette explication fort plausible. Il est probable que c’est tout bonnement un domestique que l’oncle a ramené de ses voyages.

— Mais pourquoi nous a-t-il arraché nos joujoux des mains ? demanda Charlotte, qu’est-ce que cela pouvait lui faire que nous les prenions !

— Je n’y comprends rien, murmura Geneviève, c’est tout de même vexant d’avoir perdu ce beau bicycle !

— Et cet uniforme !

— Et ces livres !

— Et tous ces trésors du grenier, ajouta Geneviève sur un ton de désespoir toujours croissant. C’est comme dans les contes de fées, lorsque les méchants génies viennent défaire l’ouvrage des bonnes fées. À présent, nous n’oserons jamais demander à l’Oncle la permission de nous servir de tout ce que nous avons vu aujourd’hui. Pas plus que nous n’oserons demander d’explication sur tout ce qui nous intrigue.

— Quel dommage ! dirent à la fois Valentine et Charlotte.

— Nous sommes en plein mystère, reprit Geneviève, très flattée au fond et comme grandie par l’importance qu’elle attribuait à ces découvertes.