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L’ONCLE

tous en très peu de temps. J’ai tenu ma promesse. Je puis vous donner des détails circonstanciés et j’espère m’être acquitté de cette mission délicate sans qu’aucun des intéressés en ait eu le moindre soupçon.

Il s’arrêta dans l’espoir d’un compliment qui ne vint pas. Dissimulant son désappointement par des recherches pour le moins inutiles dans ses paperasses, il reprit avec un enthousiasme visiblement diminué :

— Lorsque vous vous êtes expatrié pour chercher cette fortune… que vous avez trouvée en Amérique… ou en Australie ?…

— Peu importe, interrompit son client en coupant court d’un geste poli à toute question indiscrète.

— Enfin, à l’étranger… poursuivit le notaire, déçu pour la seconde fois dans son attente, vous aviez rompu, je crois, avec toute votre famille.

M. Maranday fit un mouvement qui pouvait aussi bien passer pour un signe d’assentiment que de dénégation.

— Cette famille, du reste, était peu nombreuse, reprit maître Chatelart. Fils unique et orphelin de très bonne heure, émancipé à dix-huit ans et mis en possession de votre petit patrimoine, vous n’aviez en fait de proches parents qu’un oncle paternel et une tante du côté maternel. J’ai le regret d’avoir à vous annoncer leur décès à tous deux… Les familles disparaissent vite !…

— Mais leurs enfants ?

— Vos cousins germains ? j’ai le plaisir de vous dire que tous sont encore en vie, fort bien portants, ma foi, et mariés. Tous ont de beaux enfants, mais tous n’occupent pas la même position sociale, ainsi que vous le verrez d’après mes notes.

Il feuilleta négligeamment ses papiers :