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L’ONCLE BARBE-BLEUE

— Admirez ces mignonnes petites pantoufles brodées de perles, n’est-ce pas tout juste ce qu’il nous faut pour Cendrillon ?

— Que c’est beau, mais que c’est beau !

— Si tout cela pouvait parler, dit Valentine pensive, que d’histoires nous entendrions ! J’aimerais à savoir qui a porté cette robe Pompadour…

Ses amies pensaient à bien autre chose.

— Quel dommage, qu’il n’y ait pas de glaces ici, s’écria Charlotte en drapant sur sa tête une étoffe orientale aux reflets brillants.

— L’Oncle ne nous permettra jamais de nous servir de si belles choses, dit Valentine avec un soupir.

Et elle déplia lentement une courte veste de satin rose brodée d’or, comme les toréadors en portent.

Geneviève et Charlotte étaient trop occupées à déplacer la première feuille d’un paravent de dimensions colossales pour lui répondre :

— Que cherchez-vous dans ce coin ? leur demanda Valentine intriguée.

Et, venant à leur secours, elle arriva juste au moment où les fillettes faisaient une découverte bien inattendue.

Il y avait là tout un assortiment de jouets d’enfants en fort bon état : un cheval mécanique, une bicyclette, un petit établi de menuisier, des fusils, des sabres, des tambours et jusqu’à un costume de général Tom Pouce, auquel rien ne manquait, pas même le bicorne.

— En voilà, une trouvaille ! fit Charlotte en maniant successivement fusil, sabre et tambour. Nous pourrions avoir tout un régiment si nous étions en nombre suffisant.