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L’ONCLE BARBE-BLEUE

Il fallait tantôt monter, tantôt descendre, suivant les constructions des diverses parties du vieux château, et, parfois, le toit était tellement en pente, qu’un homme de taille ordinaire n’eut pu se tenir debout qu’au milieu du grenier.

— On se croirait dans la carène d’un navire renversé, dit Valentine, qui avait beaucoup lu. Voyez ces poutres : ne dirait-on pas des mâts plongeant dans la cale ?

Charlotte n’était pas trop rassurée dans cette demi-obscurité :

— Si nous retournions sur nos pas ? dit-elle, nous allons nous égarer.

— Laisse donc, répondit Geneviève, à force de marcher nous nous retrouverons à notre point de départ.

— Jusqu’ici nous n’avons pas découvert grand’chose d’intéressant, fit Valentine en s’engageant dans un couloir interminable au bout duquel étaient deux portes. Cela devient monotone.

L’une des portes était fermée à clef, l’autre donnait accès dans une grande chambre pleine de malles, de caisses entr’ouvertes, de meubles éclopés, canapés boiteux, fauteuils éventrés, chaises défoncées, pêle-mêle avec d’autres en meilleur état. Il y avait jusqu’à un rouet, que Geneviève s’empressa immédiatement d’essayer de faire tourner, et un tas de ferraille dans lequel on distinguait des barres de fer qui pouvaient à la rigueur passer pour des lances et des piques.

— De mieux en mieux, s’écria Valentine ravie, nous allons pouvoir monter Jeanne d’Arc.

— À moins que nous ne trouvions des merveilles dans ces caisses, et que nous n’en revenions à Cendrillon dit Charlotte.