Page:Lerberghe - La Chanson d'Eve.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Seuls, dans le soir encor, s’élèvent jusqu’à nous
Les haleines des fleurs mourantes, et les doux
Soupirs harmonieux des obscures fontaines ;
Pourtant leurs voix aussi se sont faites lointaines.
Ah ! vers quel grand silence et quel sommeil profond,
Voluptueusement, toutes les choses vont !
Ah ! comme tout s’apaise, et comme tout s’oublie !
Ce qui troublait ce bel Éden, c’était la vie…

Que je voudrais Lui dire, afin qu’il m’en console,
Par ce lent crépuscule, en de telles paroles,
Belles comme ce soir, lasses infiniment,
Ce qui oppresse ainsi mon âme, en ce moment !

Mais Il est si divin, si calme est son sourire,
Que, près de lui, toute parole humaine expire
Sur les lèvres. Sans doute, il ne comprendrait pas.
Son âme flotte sur les choses d’ici-bas,
Ainsi qu’une clarté d’étoiles étrangères.
Elle contemple, et rêve, et ne sait de la terre