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J’ai traversé l’ardent buisson dont le feuillage,
Comme une flamme, s’est ouvert sur mon passage,
Et dont l’embrasement s’est refermé sur moi.
Personne. Tout est calme. Une enceinte de pierre,
Une porte béante, un espace où l’on voit
Un autre monde luire en une autre lumière.
Rien n’y respire plus. Seule, sous le soleil,
Une allée infinie, et des saules qui laissent
Sur le sable dormant traîner leurs branches lasses.
Toutes choses au fond d’un étrange sommeil.
Et l’ombre et la clarté, comme l’air, immobiles.

Ainsi, le soir n’est plus au delà de ce seuil.
Ailleurs, c’est l’heure merveilleuse où tout se voile
Du crépuscule bleu qui tombe des étoiles
Sur mes bosquets heureux. Ici, le grand jour seul