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Vous êtes heureuses, ô mes sœurs, ô sirènes,
Vous qui n’avez point d’âme,
Vous dont la grâce ignore
Jusqu’au nom même
De la mort,
Vous êtes heureuses !
Ma joie est triste, et vous envie.
Que votre chant est doux !
Tandis que vous chantez, Sirènes,
Je sens que mon cœur obscurci
M’entraîne vers la mer, aussi,
Séjour de mon enfance…

« La nuit tombe. Veux-tu redescendre avec nous,
En ce royaume dont l’obscure souvenance
Se réveille en ton âme ? Viens, descendre est doux.
Plus que le ciel lointain les profondeurs attirent.
Aux abîmes des eaux l’étoile de la terre
Brûle encore. Entends-tu ce chant mystérieux ?
C’est le battement sourd de ce grand cœur de feu,