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Qui s’abaisse et s’élève, que le ciel attire,
Et qu’un souffle éparpille en écume de fleurs.
On est on ne sait quoi qui est toute la mer.
Et sans doute est-ce là ce qu’on nomme mourir.

Maintes s’attardent dans l’inexistence heureuse.
Mais on s’éveille un jour : une onde nébuleuse,
Qui s’épanouissait, soudain, revient sur soi ;
Une voix, confondue en l’unanime voix
Des choses, s’en sépare, et des lèvres ouvertes
Dans l’infini baiser des grandes vagues vertes,
Se replient doucement, comme des fleurs au soir ;
Un cœur, obscurément, commence à s’émouvoir
Dans le grand tremblement des flots qui s’ensoleillent ;
Un clair regard, comme une étoile, se réveille,
Et, tout à coup, des eaux profondes l’on renaît,
Joyeuse et rajeunie, et splendide, au sommet
D’une vague fuyante où la lumière joue,
Qui bondit sur la mer, et qui semble la proue
Blanche et légère d’une écumante carène ! »