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Quelque illusoire fleur. Parfois, les nuits de lune,
Nous glissons sous la vague phosphoreuse, et l’une
Désire l’autre, et cherche, aux profondeurs des flots,
Celle dont le parfum fit plus tièdes les eaux,
Et dont le cri voilé lointainement appelle.
Et, soudain, toutes deux se trouvent et se mêlent,
Comme deux vagues qui se rencontrent et roulent
Ensemble, écument, crient, éclatent et s’écroulent,
Et sans doute est-ce là ce que l’on nomme amour.

Comme sous un baiser, les vagues à l’entour
S’apaisent, l’aube naît, une haleine se lève ;
La vivante lumière a dissipé le rêve,
Les yeux couleur de mer dans la mer sont épars,
La clarté de ses eaux s’est faite leur regard.
On grandit dans les eaux, comme une fleur qui s’ouvre,
On sent parmi la mer ses lèvres se dissoudre,
Ses mains s’étendre, et sa chevelure qui fond,
Comme un flot d’or dans l’onde ou comme un long rayon.
On se sent une chose immense et qui respire,