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Et qu’elle est belle,
Sur vos lèvres,
Sa vérité nouvelle !
Mais est-ce vrai, dites-moi, que vous n’avez point d’âme ?
Connaissez-vous l’amour, connaissez-vous la mort !

« Nous connaissons la vie, et nous ne savons pas
De paroles pour les choses qui ne sont pas.
Certes, nulle de nous n’a une âme. C’est elle,
La mer, qui est notre âme, et qui est éternelle ;
Nous ne sommes qu’un jeu de sa divinité.
Tu dis, en nous voyant dans l’humide clarté,
Étendues sur la vague, ou le sable des grèves :
Elles dorment, elles reposent, elles rêvent…
Mais c’est la mer qui rêve, et c’est elle qui dort ;
Et s’il semble que nous chantons, c’est elle encore
Qui chante, car elle est notre voix, notre rire,
Comme c’est elle en nous qui pleure et qui soupire.
La sirène n’est qu’une apparence, un rayon,
Ou quelque vague à sa surface, ou quelque son,
Quelque illusoire fleur.