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Nous, immobiles, en silence, écoutions
Chanter la terre. Et vers le soir, dans les sillons
Des vagues d’où la lune humidement émane,
Vers le rivage heureux, doucement, nous glissâmes.
Et, nous haussant un peu sur les eaux, nous te vîmes
Sous un berceau léger de roses étendue,
Étincelante, pâle, ensommeillée, et nue.
Et ce réveil divin ! C’est le soir, l’air est doux,
Dans l’ombre, autour de toi, tes anges à genoux.
Au-dessus de ton front, dans un fouillis de branches,
Un ciel d’étoiles pâles et de roses blanches ;
Au loin, la mer, et nous. Et celles qui te veillent,
Soudain se lèvent, l’air frémit, et tu t’éveilles,
Tu ouvres tes grands yeux, pleins de songe, et tu dis :
Où suis-je ? Et une voix répond : Au paradis. »

Ô Sirènes, Sirènes !…
Que vous chantez bien,
Au rythme gai des flots,
Cette chanson des eaux,
Dont vos âmes sont faites,