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Sur la mer. Nous crions. Mais aucun d’eux n’entend.
Nos voix n’arrivent pas jusqu’à ces habitants
Des hautes régions où la lumière règne.
Ils ne croient qu’en un ciel que des ailes atteignent ;
Mais ils ne savent pas. Dans la limpidité
Des eaux profondes luit aussi la vérité.

Te souviens-tu des longs éblouissements pâles
Qu’ouvrait, au fond des eaux, la grotte aux murs d’opales
Où tu naquis, un soir de printemps, parmi nous ?
Son sol était couvert d’un flot de perles, sous
Des floraisons de nacre aux fruits de corail rouge,
Et de ces algues d’or qui dans les ondes bougent.
Un chant mystérieux en émanait ; parfois,
La sirène en passant croyait ouïr ta voix.

L’île, avec ses vallons et ses bosquets de palmes,
Grandissait à l’entour, silencieuse et calme.
Nous en connaissions les fluides chemins ;
Mais qui de nous eût pu prévoir ses lendemains !
Elle se préparait à sa beauté future,