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LE MANOIR DE VILLERAI

l’écrivain à son roi et à son pays, tut bien reçue en Angleterre, et excita plus de sympathie pour ses regrets que d’irritation pour ses revers.

Wolfe tint alors un conseil de guerre avec ses lieutenants-généraux Monckton, Towns-hend et Murray, trois jeunes gens de talent, de courage et d’illustre naissance. Ils furent d’avis qu’un corps suffisant devrait être laissé à la Pointe-Lévi, tandis que l’armée traverserait la rivière, et tâcherait de s’emparer des hauteurs d’Abraham par surprise, et ainsi forcer les Français à quitter la position qu’ils occupaient. Assiéger la basse ville aurait été une entreprise pleine de dangers ; car, quoique les vaisseaux de guerre eussent pu détruire ses batteries, néanmoins les fortifications de la citadelle n’auraient nullement souffert, et auraient par conséquent dirigé un feu meurtrier sur les assaillants.

Pendant ce temps, Montcalm échelonnait ses troupes de Québec à Jacques-Cartier, afin de protéger la gauche du St-Laurent. Les dernières nouvelles des lacs Champlain et Ontario étaient loin d’être favorables au commandant français. M. de Bourlamaque avait été obligé de retraiter sur l’île aux Noix, après avoir fait sauter les forts Carillon et Frédéric ; car le général Amherst s’avancait vers lui avec 12,000 hommes. Le fort Niagara avait été pris par le général anglais Prideaux, et les Français avaient été forcés de se retirer à la Présentation, en bas du lac Ontario.

Le général Wolfe avait été informé par deux déserteurs français, que pendant la nuit du 12, un convoi de provisions descendrait par eau à Québec, la route des Trois-Rivières par terre étant trop longue et trop fatigante. Il résolut de profiter de cette circonstance.

Les déserteurs avaient communiqué le mot d’ordre que les bateaux devaient donner aux sentinelles placées sur le bord du fleuve ; et pour mettre le comble au danger qui menaçait les Français, de Montcalm avait rappelé le soir précédent, sans en notifier le gouverneur, le bataillon que celui-ci avait envoyé sur les hauteurs de Québec, deux jours auparavant.

Le 13 septembre donc, à une heure du matin, l’obscurité étant encore profonde, un corps de troupes embarqua dans