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LE MANOIR DE VILLERAI

qu’une escadre anglaise était en route pour les côtes du Canada, et le 23 mai on la vit vis-à-vis le Bic, remontant le fleuve. Ce n’était là toutefois que l’avant-garde, commandée par l’amiral Durell, qui avait été envoyée de Louisbourg pour intercepter tous convois venant de France. Une flotte considérable, sous le commandement de l’amiral Saunders, avait fait voile d’Angleterre dans le mois de janvier, avec ordre de transporter le général Wolfe et son armée, de Louisbourg où il était alors, à Québec.

Ils remontèrent le St-Laurent et arrivèrent à l’île d’Orléans le 25 de juin, sans le moindre accident, malgré les nombreux périls et les difficultés multipliées qui accompagnaient alors la navigation du fleuve. Cette bonne fortune était due en partie à la trahison du commandant d’une frégate française, Denis de Vitré, fait prisonnier par les Anglais pendant la guerre, et qui les avait conduits en sûreté à Québec, lieu de sa naissance. Il fut récompensé de cet acte infâme par une commission dans l’armée anglaise.

L’amiral Saunders fit faire une exploration attentive de la rade et du port de Québec, et le capitaine Cook, qui s’est ensuite immortalisé par ses fameux voyages et ses grandes découvertes, fut employé dans cet examen. Il est digne de remarque que deux des plus grands et des premiers navigateurs qui firent le tour du globe, le capitaine Cook et le colonel de Bougainville, étaient alors sous les murs de Québec.

Peu de temps après le débarquement des troupes, de Montcalm profitant d’une nuit orageuse, prépara sept brûlots et les envoya à minuit parmi les vaisseaux anglais groupés près de l’île. Ayant pris feu trop tôt, et le sang-froid de l’amiral anglais et de ses matelots aidant, les bateaux incendiaires furent poussés à terre, où ils se consumèrent jusqu’à la ligne de flottaison, sans faire aucun mal. Un mois après, on fit une autre tentative du même genre, mais avec aussi peu de succès.

De Montcalm avait placé à la Pointe-Lévi un corps de soldats avec quelques pièces de canon ; mais ils furent bientôt obligés de se retirer, et les Anglais, sous le commandement du général Monckton, s’emparèrent de ce poste. Quinze cents hommes de troupes françaises furent envoyés de