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lui en faire encore autant, dit un autre qui avait le goût des gifles.

Armand secoua la tête.

— J’ai pu le faire une fois, dit-il, mais je ne serais plus capable de le faire une seconde fois ! D’ailleurs, Belfond, je suis fâché d’avoir sauté sur toi comme je l’ai fait ce matin, sans provocation suffisante. Je voulais attaquer un de ceux qui me maltraitaient depuis si longtemps.

— Durand, tu es aussi honnête que courageux. Donnons-nous la main !

Et pour la seconde fois ce jour-là, on offrit à Armand la main de l’amitié.

Depuis ce moment une intimité aussi agréable pour Armand qu’utile pour Victor s’établit entre les deux camarades. Armand, dans la simple et honnête admiration qu’il éprouvait pour l’aristocratique héritier des de Montenay et la gratitude qu’il ressentait de ce qu’il avait été élevé au rang de ses amis, croyait qu’il n’y avait pas de sacrifice trop grand à offrir sur l’autel de l’amitié. Il se trouvait donc heureux lorsqu’il pouvait pendant les récréations lui copier ses thèmes et ses versions latines, ou bien encore lui offrir la plus grande partie de sa part du panier toujours bien rempli que son frère et lui recevaient souvent de la maison paternelle. De Montenay, non-seulement acceptait volontiers cet hommage, mais il laissait voir une préférence visible pour la compagnie de celui qui le lui offrait, car, outre que sa vanité éprouvait une grande satisfaction