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percevant à ses côtés lui faisant des louanges et lui offrant la main de l’amitié, il sentit son cœur battre de plaisir et d’orgueil. Il tendit toutefois sa main avec réserve, et sans trahir le sentiment qu’il éprouvait en disant :

— Mais je croyais que Rodolphe Belfond était un de tes amis !

— Et il l’est en effet, dit de Montenay en s’asseyant sur le bord de la cuve pendant qu’Armand s’essuyait la figure et les mains avec son mouchoir. Oui c’est vrai, il est un de mes amis, il est même un de mes petits parents, mais cela n’est pas une raison pour que je me batte pour lui. Malgré qu’il passe la moitié de ses vacances chez moi, et moi l’autre moitié chez lui, cela ne m’a pas empêché d’être content de le voir rosser par un jeune homme comme toi. Il se vante tant de ses os et de ses muscles, de sa force et de ses nerfs, qu’une leçon comme celle que tu viens de lui donner lui sera, je pense, salutaire.

Si Armand avait été plus vieux, avait eu plus d’expérience des intrigues de la vie, il aurait peut-être conçu des soupçons sur la sincérité de l’amitié que Victor paraissait étendre à ses amis ; mais ébloui par une excusable vanité, il écouta son camarade en toute confiance, comme un oracle.

— Ah ! ça, quel est ton nom ? Armand ! un nom qui s’accorde certainement avec ton extérieur. Si tu avais eu la force, la taille, les bons points d’un boxeur, je n’aurais éprouvé aucun intérêt de te voir sortir de la bataille d’une aussi belle manière ; mais, je dois le