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ses maîtres lui en firent les plus grands éloges. Malheureusement, quelques-uns de ses compagnons conçurent de l’envie sur ses succès, et son naturel froid et réservé ne lui attira guère d’amis. Son impopularité augmenta tous les jours, et sans la moindre provocation de sa part, les épithètes de Demoiselle Armand, de lâche, pleuvaient sur lui. Le pauvre garçon était d’une telle sensibilité que sa position était devenue intolérable, et il prit plusieurs fois la résolution d’écrire à son père pour lui demander et même le prier de le retirer du collège.

Une après-midi qu’il était tranquillement à regarder jouer les autres, plusieurs de ses bourreaux se rassemblèrent autour de lui et se mirent à le persécuter avec leur malicieuse adresse ordinaire. L’un pria, d’un air moqueur, Demoiselle Armand d’aller prendre part à leurs jeux. Un autre s’y opposa, de peur que cela gâtât la beauté de ses mains blanches et douces, qui n’étaient tout au plus capables que de tenir les cordons des tabliers de sa maman.

Ce trait d’esprit fut accueilli par les éclats de rires et les applaudissements de la troupe, et l’hilarité augmenta lorsqu’un troisième ajouta qu’il était tout étonné de ce que mademoiselle Durand sortit sans se munir d’un grand chapeau de paille pour ne pas se griller et se rousseler le teint. La respiration d’Armand devenait plus vive. Il était écrasé sous les impitoyables sarcasmes de ses persécuteurs, tant étaient grandes les souffrances