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prenaient part avaient quelque peine à cacher l’espèce de mépris qu’ils éprouvaient à l’égard de sa position sociale.

Dans ses allées et venues il lui arrivait souvent de rencontrer Geneviève Audet avec ses petits élèves et quelques fois il était peiné, d’autres fois irrité en voyant l’espèce de tyrannie que ces enfants gâtés et rebelles paraissaient exercer sur leur infortunée gouvernante. Simple et droit en toutes choses, il communiqua un jour ses impressions à ce sujet à M. de Courval, et sans remarquer l’éclair de plaisir qui rayonna tout-à-coup dans les yeux de ce monsieur, il se prit à écouter placidement l’éloquent panégyrique qu’il lui fît des vertus de mademoiselle Audet, en accompagnant ces éloges de quelques touchantes allusions aux épreuves et aux peines qui de fait l’accablaient ; puis, M. de Courval l’invita à aller visiter avec lui ses magnifiques betteraves à vaches. Soit hasard ou autrement, ils s’avancèrent vers l’endroit où Geneviève, assise sous un érable dont les larges branches fournissaient beaucoup d’ombre, engageait ses élèves indociles à apprendre que le Canada n’était pas en Afrique, ainsi qu’ils persistaient à le dire. Quoi de plus naturel qu’il présentât son compagnon à la gouvernante ? C’est ce qu’il fit ; et pendant que ces deux derniers échangeaient ensemble quelques paroles, il se mit à cajoler les enfants qui l’accablèrent aussitôt de leurs babils enfantins.

Les manières de Geneviève n’avaient que