tellement à ses affaires, qu’il n’y avait aucun risque qu’elle fît oublier à Paul sa première femme : elle pouvait passer des heures entières avec son mari sans dire un seul mot, ou sans l’encourager à parler. Mais en revanche, elle était une ménagère bien rare, et sous ses soins la laiterie, la basse-cour et le jardin prospéraient aussi bien que sous ceux de la digne mère de Paul elle-même.
Mais le cœur de l’homme est difficile à contenter. Que de fois Paul, au milieu de la satisfaction, de la propreté et de la prospérité qui l’entouraient, se reporta avec envie et le cœur brisé par la douleur au temps de bouleversement que l’amour et la société de la femme bien-aimée qu’il avait perdue si jeune avait converti en un temps de bonheur !
Il reconnaissait cependant le vrai mérite, les rares et excellentes qualités de la seconde madame Durand, et elle, ne lisant jamais dans les replis de son cœur, s’assura qu’il était un des meilleurs et des plus dévoués maris. Elle aima de suite le petit Armand de toute la force de son âme, et quoique, naturellement, elle ne fît jamais voir ses sentiments intimes, elle le caressa et le choya avec tout le dévouement dont une bonne mère est capable.
Le temps arriva où elle eut un second enfant à dorloter ; mais lorsqu’elle eut rendu Durand père d’un gros et robuste garçon, elle ne fit pas de distinction entre les enfants, et le petit Paul n’eut pas de plus que son