surgir comme une muraille entr’eux, éloignement que le temps ne ferait que rendre plus profond. Et ils avaient été si heureux ensemble ! Il avait connu tant de bonheur parfait dans sa maison depuis qu’elle y était entrée ! elle s’était enlacée si étroitement r îtour de tout son être ! Alors, dans la violence de son désespoir, il se mit à pousser des soupirs comme des sanglots.
Le bruit que fait un pas léger traversa sur le plancher ; et levant les yeux, il aperçut Geneviève auprès de lui. Elle déposa sur la table la lumière qu’elle portait ; même dans le trouble de ce moment, il remarqua sa pâleur mortelle, et les cercles livides que les larmes et la souffrance morale avaient déjà laissées autour de ses yeux si doux. Tout-à-coup la conviction lui vint qu’elle était innocente de toute faute volontaire, et avec cette pensée une crainte terrible traversa son esprit, la crainte qu’elle fût venue lui dire qu’elle le laissait, qu’il l’avait insultée, outragée au-delà des limites laissées au pardon. C’étaient justement des femmes douces et paisibles comme elle qui en agissaient ainsi. Et il savait, il sentait que le démon de l’orgueil opiniâtre qui était au-dedans de lui, le tiendrait muet ; et que même, dût son cœur se briser, il ne ferait aucun signe et la laisserait partir.
D’une voix douce, elle lui adressa ces parôles :
— Paul, je suis peinée, vraiment peinée, de t’avoir fâché de la sorte. Si j’avais su que