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Mais vous ne vous êtes pas encore informé de votre vieil ami, M. de Courval ! ajouta-t-elle, voulant donner le change à la conversation qui commençait à devenir embarrassante. N’avez-vous pas su qu’il a été très-malade ?

— Je suis vraiment fâché de l’apprendre, dit Armand en lui présentant une chaise que sa compagne accepta de suite, contente de prolonger cette conversation qui avait revêtu un caractère strictement général.

Elle apprit à Durand que M. de Courval avait eu plusieurs attaques de rhumatisme aigü, que de fait il était devenu un martyr de cette maladie, et que, quoiqu’il fût mieux dans le moment, madame de Beauvoir avait été obligée de rester à la maison pour le soigner ; puis l’entretien roula sur leur première rencontre au Manoir d’Alonville lorsqu’ils n’étaient qu’enfants, et combien même alors elle l’avait aidé et encouragé. Entre ce lointain souvenir et leur rencontre, dans la petite auberge, qui avait exercé une si heureuse influence sur la carrière subséquente du jeune homme, la transition fut facile. Le sujet était, selon toute apparence, plein d’intérêt pour les deux, et quel que fût le charme qui l’animât, bien que son secret et sincère amour pour son amie fût sans espérance et malgré l’indifférence polie qu’elle lui avait toujours manifestée, Durand se trouva, presque sans s’en apercevoir, à lui dévoîler le secret de son cœur, secret qu’il avait si longtemps gardé. Parée de sa robe