Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28

légèrement et ses lèvres tremblèrent ; mais reprenant presqu’aussitôt possession d’elle-même, elle répondit doucement :

— C’est bien, Paul, si tu le désires toi-même.

— Non, ma petite femme, non ! il n’en sera pas ainsi. Je ne permettrai à personne de s’interposer entre toi et moi ; nous nous tirerons d’affaire seuls. J’ai déjà dit à sœur Françoise ce qu’il en est, et la responsabilité du refus ne retombe que sur moi.

Oh ! comme les beaux yeux lustrés de Geneviève surent bien le remercier, pendant que ses mignons petits doigts, pressant doucement sa main, le ramenaient par leur muet langage à l’affection qu’avaient pu lui faire perdre les remontrances impitoyables de madame Chartrand.

Cette dernière fut fidèle à sa détermination, et le lendemain matin, au moment même où le soleil commençait à illuminer l’Orient de ses feux, elle montait dans une élégante petite charrette à ressort dans laquelle son frère la ramenait chez elle. Si Paul avait éprouvé quelque remords de conscience d’avoir refusé l’offre si pleine de bonne intention de sa sœur, la vue du visage gras et dodu, des joues pleines et vermeilles de celle-ci qu’il fit intérieurement contraster avec la frêle enveloppe et la délicate figure de sa femme, le réconcilia bientôt avec lui-même.

Après le départ de madame Chartrand, une des deux servantes incapables fut renvoyée, et on se procura une excellente ména-