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timents à ton égard. Armand, je sens que je n’ai pas été une bonne épouse.

— C’est une absurdité ce que tu me dis là, ma chère Délima, il ne faut pas t’occuper de cela. Nous tournerons bientôt une nouvelle et agréable page du journal de notre vie.

— Tu la tourneras seul, mon mari, et je désire franchement et de tout mon cœur que ce soit une page heureuse ! répliqua-t-elle d’un ton calme et plein de mélancolie.

— Pourquoi cela ? Si tu parles d’une manière aussi déraisonnable, je commencerai réellement à regretter l’absence de la vieille cousine Martel. Non, non, il a été décidé que tu mourrais la femme d’un juge, et si tu veux considérer que je n’ai pas encore subi mon examen pour entrer seulement dans le temple de Thémis, tu verras que tu as encore une longue carrière à fournir.

Elle secoua la tête, mais ne fit aucun effort pour empêcher son mari d’amener la conversation sur un sujet moins lugubre.

Nos deux jeunes gens parurent très-contrariés de voir madame Martel entrer dans leur chambre. Elle avait l’air tout intriguée. Après avoir raconté avec une prolixité extraordinaire les fatigues de son expédition, les chutes qu’elle avait failli faire sur les trottoirs glissants, les chevaux à l’épouvante qu’elle avait évités, les voleurs sous la figure de négociants pratiquant l’extorsion auxquels elle avait échappée, elle montra ses emplettes, vantant avec complaisance son habileté supérieure à acheter et les disputes