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ne lui laissaient que peu de loisir pour tenir la conversation avec sa nouvelle pensionnaire.

Le jour de l’an était arrivé : l’astre du jour brillait dans toute sa splendeur, et quoique le froid fût vif, le ciel était sans nuages et les chemins superbes. Les rues étaient remplies de chevaux de toutes couleurs et de voitures de toutes descriptions, chargées principalement de messieurs, car en ce jour de fête toute spéciale la partie féminine de la population reste à la maison pour recevoir les visites.

Vêtue d’une robe unie à couleur sombre, — car le goût des toilettes et des parures paraissait l’avoir laissée — Délima, qui avait l’air très-tranquille et pensive, était assise dans un fauteuil qu’elle avait traîné près de la fenêtre pour voir les scènes du dehors.

Elle entendit dans les escaliers un pas pressé et léger, et Armand entra.

— Voyez, madame Durand, dit-il gaiement, je vous ai apporté vos étrennes.

Et en disant cela il ouvrit et lui passa une petite boite en carton dans laquelle, entourée de ouate, se trouvait une petite mais bien belle épinglette.

Elle la prit et tandis qu’un léger sourire animait sa figure et qu’elle faisait un effort de son ancienne coquetterie, elle l’attacha à sa robe.

— Elle te va très bien, chère, mais l’année prochaine il nous faudra avoir quelque chose de plus coûteux.