couple d’écoliers chez toi le soir. En un mot, fais n’importe quoi plutôt que de renoncer à la profession dont tu as maintenant parcouru une longue étape de la route aride et épineuse, à cette profession qui peut définitivement te conduire à l’honneur et à la fortune.
— Mais, murmura Armand, le succès est si douteux et le temps d’épreuve si long ! Je suis capable d’obtenir de suite quelque situation ou quelque place de commis qui me rapportera un bon salaire.
— Et puis après ? Dans cinq ans d’ici tu seras peut-être encore commis, avec le même salaire : néanmoins, ce serait une heureuse idée si tu n’étais pas entré dans une autre carrière. Écoute, Armand : promets d’essayer ce que je te propose ?
— Te rappelles-tu, Rodolphe, cette époque de notre vie de collége, hélas ! déjà si lointaine, qui fut témoin du commencement de notre bonne amitié et dont cependant le premier pas fut cette affreuse bataille où je sautai sur toi comme un bull-dog ? De même qu’alors j’étais aux abois, harassé, désespéré, environné de troubles et d’ennemis, de même je le suis encore aujourd’hui.
— Mais tu oublies que tu as à tes côtés un véritable ami qui, malheureusement pour toi, a le faible de toujours vouloir te donner des conseils. Vois-tu, un grand avantage qui résultera de ton déménagement à Québec, ce sera de te débarrasser de l’influence pernicieuse de cette terrible mégère qui, j’en suis convaincu, est le mauvais ange qui ins-