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se rappellerait avec douleur ses sourires, son affection et les qualités qui compensaient chez la première femme de son frère l’absence des capacités domestiques. Il lui était inutile cependant de se plaindre, et elle résolut de n’exprimer par aucune parole le chagrin que lui faisait éprouver l’état de choses actuel. Elle passa deux jours avec les jeunes gens, car des affaires la forcèrent de rester à la ville, et pendant ces deux jours elle en vit assez des faits et gestes de Délima, de la félicité domestique d’Armand, pour souhaiter de n’y être jamais venue.

La séparation avec sa nouvelle nièce fut un peu orageuse. Elle lui dit d’un ton calme et sévère combien elle lui trouvait de l’insuffisance dans toutes les qualités qui distinguent une bonne épouse, et finit par lui déclarer que dorénavant ses faveurs et ses cadeaux dépendraient entièrement du degré d’amélioration qui se ferait remarquer dans sa conduite.

Comme la jeune femme s’échauffait et commençait à devenir impertinente, la tante Ratelle se tut et laissa la maison.

Rodolphe Belfond venait de temps en temps voir son ancien ami de collége ; mais chaque fois la jeune femme, au lieu de laisser son mari seul avec son ami et jouir ensemble d’un entretien amical, leur tenait compagnie, et cela vêtue avec une élégance exagérée ; par ses conversations insipides et par son affectation plus absurde encore, elle rendait l’entrevue ennuyeuse pour tous deux. D’autres fois, quand elle était sous l’influence