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l’était d’horreurs de toutes sortes et aveuglée, stupéfiée par les cheminées qui fumaient et par les toits percés ?

La raison paraissait bonne, du moins Armand voulut bien l’accepter comme telle ; il proposa donc de remédier à cette situation en se procurant l’aide d’une servante dont l’égalité d’âme résisterait aux terreurs qui exerçaient une si puissante influence sur les nerfs de Délima. Celle-ci accepta avec empressement la proposition, et revêtue encore une fois de ses plus beaux atours, elle entreprit la tâche importante et pleine de dignité de donner des ordres à une servante.

Mais, hélas ! Lizette était quelque peu susceptible, et une guerre animée s’établit bientôt entre la maîtresse et la ménagère. Délima, qui ignorait totalement ce en quoi consiste la dignité, essayait de suppléer, en se faisant arrogante et en trouvant constamment à redire, à l’absence complète chez elle de cette justice calme et de cette parfaite possession de soi-même si nécessaires à ceux dont la destinée est de commander.

Aussi, lorsqu’il arrivait le soir chez lui, l’infortuné mari, au lieu d’avoir à entendre le léger caquet féminin qui est en ses temps et lieu une chose très-agréable, ou de jouir de ce repos, de cette tranquillité qui rendent souvent la maison chère au cœur, était condamné à écouter d’ennuyeuses répétitions sur les bévues de Lizette et les outrages incessants dont elle avait abreuvé sa maîtresse.