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tapis, mais qui ne convenaient pas plus que ses robes à leur position.

Madame Martel lui ayant demandé aigrement avec quoi, dans ce cas, elle se proposait d’acheter un poële et des batteries de cuisine, elle consentit à regrêt à se contenter d’articles moins dispendieux. Pendant qu’elle examinait d’un air mécontent le droguet, la table et les chaises unis mais confortables que sa tante avait choisis, celle-ci lui dit :

— C’est, dans tous les cas, ma fille, une amélioration assez notable sur les planchers nus et les chaises empaillées que l’on voit dans la meilleure chambre de la vieille ferme à Saint-Laurent.

La jeune femme qui, dans sa grandeur naissante, était presque parvenue à chasser ces réminiscences comme elle l’avait fait du souvenir du grand-père qui l’avait élevée, rougit très-fort à ces mots et résolut de fermer la bouche qu’elle ne rouvrit plus avant qu’elles fussent sorties du magasin.

Plusieurs jours furent ainsi employés à faire des emplettes. Enfin les effets arrivèrent, les meubles furent placés et les jeunes mariés prirent possession de leur logis. Délima triomphait, Armand était content parce qu’elle l’était elle-même, et madame Martel qui s’était obligeamment invitée à souper, sous le prétexte de lancer la jeune ménagère dans sa nouvelle carrière, était pleine d’affabilité et se disait majestueusement :

— Voilà mon œuvre !

Bientôt cependant les difficultés surgirent